Deux géants de la scène artistique du Burkina Faso 23 Février > 8 Avril 2023
Les grands visages d’Harouna Ouédraogo portent une force solaire et tragique, née du doute de la possibilité de traduire l’apparence extérieure d’un d’un être. La réalité semble parfois nous fuir, alors même que celle du Burkina-Faso se fait chaque jour plus pressante. Son oeuvre, comme celle de son compatriote Christophe Sawadogo, s’inscrit dans un moment historique, avec une génération d’artistes qui se réapproprient la figuration, mais avec des visages menacés de délitement, d’effondrement, et qui peuvent rappeler la réalité actuelle du « pays des hommes intègres », qui peine à ressurgir.
On le voit nettement malgré les sensibilités différentes dans toute la génération de peintres actuels au Burkina-Faso. Ainsi, chez Christophe Sawadogo, la figure humaine se confond, se mélange avec la matière picturale et en ressurgit dans une danse joyeuse et solaire. Harouna, lui, propose des visages semblant se recomposer, regagner leur substance pour se réincarner. Peut-être que la figuration humaine n’est plus à déconstruire, comme les avant-gardes l’avaient proclamé, mais à reconstruire ? Pour ne plus « perdre la face », mais pour regarder enfin le Soleil en face…
– Olivier Sultan-