Etincelants de mille riens, coiffés de petits clous et de fils de fer dorés, à peine perceptibles, intenses et modestes par soustraction, revoilà les vibrants petits personnages de l’univers d’Olivier Sultan, avec leur cortège singulier. Sur la pointe des pieds, le petit peuple des Dudes, leurs valises-mémoire et leurs totems hybrides, refont ici surface le temps d’une exposition à la Galerie Art-Z.

Pour Sultan, le métissage est l’essence même de l’humain.

Comme le souligne l’écrivain Michel Camain : 

« Tendrement dérisoires, doucement désopilants, voilà les fétiches à quatre sous d’Olivier Sultan. Enfin soustraire le sacré, en alléger le monde – que le monde disparaisse et revienne dans ces si petites choses, ces totems faits de bric et de broc, ces trois fois rien qui nous défascinent jusqu’au rire. Là, l’artiste est le faussaire qui braque les cultures, les recèle, les décompose, les restitue mais en décalage, en décollage, dans le respect de les reprendre pour les mêler – les oublier les unes dans les autres. Ainsi feindre en finir avec l’Aura – l’aura pas lorsque cligne la présence, que tout est à voir en un clin d’œil, le deuil de tous ces déclins, que s’évanouisse l’assassine « pureté originaire ». Des œuvres comme des peuples. »
Michel Camain, in Catalogue d’inauguration du Musée des Arts Derniers, éditions MAD, 2002

Une année de confinement lui a également permis de donner naissance à des dessins de personnages hybrides, entre nature et humanité en métamorphose. Soudain, la cruelle famille des couronnés a envahi les corps et les âmes sans crier gare. Rusés, ils prennent l’aspect d’un petit pangolin écaillé pour s’introduire en un long frisson amer. Toute la nature s’invite, danse et tambourine à la porte en une sarabande macabre. Le souffle rauque des grands mammifères, les chants des colibris et des diamants mandarins descendent et colonisent le plus profond de nos êtres. Une flore inconnue, bleue et rouge, décore les gorges et secoue les poumons. 

La hoya parfumée et la passiflore s’en donnent à coeur joie. Serpents et singes hurleurs, sapajous, tamarins et fruits étranges, léopards microscopiques envahissent notre souffle, tandis que dans les villes désertées, les animaux, touristes hébétés, se promènent tranquillement.

Hanté par le thème de l’effacement et de la disparition, Olivier Sultan présente également une série de portraits récents et des photographies qui se situent « en deçà du temps ». Sultan revendique ainsi la « tentation d’être moindre, dans l’effacement, dans la discrétion, aux confins de la disparition ». 

La Série Virus Couronné imagine différents aspects, variants de la Covid-19, avec un regard à la fois drôle et inquiétant. Les billets, actions et titre de propriété de la Banque « Ducell-Marchant » interrogent les nouveaux systèmes spéculatifs du monde de l’art comme les NFTs en rendant hommage à la figure emblématique de Marcel Duchamp. Les Effacés, à mi-chemin entre la peinture et la photographie, questionnent la mémoire et la disparition. Enfin, le Petit Peuple des Dudes refait surface avec son joyeux et singulier cortège.

En contrepoint à la Société du spectacle, et en réaction à la prédominance du  clinquant et du mercantile, l’artiste a fondé cette année la Banque « Ducell-Marchant », avec  billets, actions et titres de propriété, dédiés au grand Marcel. Ces billets (encre, feutres et collage sur papier) ont valeur de crédit immatériel et inframince sur le marché, et de certificat de dématérialisation spirituelle.

Mémoire, effacement, errance, hybridation : tous ces thèmes, chers à Olivier Sultan,s’entrecroisent dans cette exposition.

Expositions et œuvres dans des collections internationales :

Fondation Leridon, Paris

Fondation Jean-Paul Blachère, Apt

Musée des Arts Africains, Paris

Museum Für Völkerkunde, Munich

Galerie Vivienne, Paris

Galerie Ellia, Paris

Galerie Art-Z, Paris

Outsider Art, New-York

Musée des Arts derniers, Paris

Saada Galerie Nomade