Marcel Kpoho est un sculpteur du Bénin, pays qui est l’épicentre de la religion Vaudou.
Ce système de pensée ancien relie l’Homme à ses ancêtres depuis plusieurs siècles et par-delà les continents.

Religion qui ignore le dogme et se transmet oralement, le Vaudou suppose la croyance en un Dieu suprême, et, en même tempos, en une multitude de dieux capables d’intervenir dans le visible et l’invisible.Pour sa part, Marcel Kpoho revient aux bases du vaudou et questionne l’existence de l’homme, son identité, le principe de transmission de génération en génération.

Ainsi, à travers ses oeuvres, lui qui n’a connu aucun de ses deux grand-pères, se reconnecte aux membres de sa famille et avec ses ancêtres, et reconstruit une trame familiale.
La matière de son travail est le pneu de moto. 

D’un noir profond, mystérieux, lumineux, il est décliné en masques et en grands personnages au bord de l’abstraction qui nous plongent dans les profondeurs de l’être.
Mais les masques révèlent autant qu’ils cachent.
Ils nous racontent  aussi la longue et douloureuse histoire du caoutchouc en Afrique. Une histoire d’exploitation et de crimes au Congo de Léopold II.
Les oeuvres de Marcel Kpoho opèrent une transfiguration énigmatique. La lumière surgit du coeur de la matière noire, et vient irradier le spectateur.

Les marques en relief des pneus sont autant de scarifications contemporaines.
Vecteurs, intercesseurs, objets chargés, étroitement liés à sa conception philosophique, les masques de Marcel Kpoho sont détenteurs d’une aura spirituelle  Des masques qui ne sont pas censés révéler ce qu’ils dissimulent, et préservent le secret de la force qu’il renferment.